Bottom est chez Shakespeare l'artisan fou de théâtre, à la fois naïf et hyperactif, qui à force de tentatives parvient à ouvrir des interstices entre fiction et réalité


Je ne peux me résoudre, depuis la naissance de mon travail de metteure en scène, à cette opposition stérile entre une supposée pureté de l'acte de création et le chemin entrepris avec les publics. Pour créer, j'ai besoin d'immersions constantes et partagées dans le réel, dans la vie. C'est ainsi que je conçois la naissance de notre art.
Nos créations se construisent au plus près des gens et des réalités côtoyés, et j'y associe le plus souvent un auteur d'aujourd'hui. La toile tissée se nourrit des injustices,  des  paroles tues, des inspirations portées par les marges, dans une relation indéfectible avec le paysage dans lequel je vis.
Je ne crois pas que l'art et l'artiste viennent de nulle part, nous portons tous un lieu du monde, une origine sociale, des blessures et des joies quelque part dans les plis de notre peau et de notre âme.
Le théâtre est un humanisme…
Nous sommes là, ouverts aux rencontres qui nous emmènent ailleurs, guettant les engagements sincères qui inventent des îlots de beauté. 

Marie Pierre Bésanger